Juin : le sprint invisible des femmes
(et pourquoi il est urgent de s’arrêter)

Juin, ce faux mois de transition qui explose les compteurs
« Pique-nique maison sinon t’es une mauvaise mère. » Cette phrase, lancée entre deux couloirs d’école, résume bien l’absurdité silencieuse du mois de juin. On l’imagine comme une douce descente vers l’été. En réalité, c’est l’apocalypse déguisée en planning Google partagé, où chaque case contient trois obligations.
Galas, spectacles, examens, kermesses, pots de départs, projets à finaliser au boulot. Le tout saupoudré de chaleur, de charge mentale et d’un agenda qui frôle l’implosion.
Le problème n’est pas qu’on fait tout ça. Le problème, c’est qu’on le fait en pilotage automatique, épuisées, tendues, en souriant parce qu’on n’a pas le temps d’admettre qu’on est à bout.
Une surcharge mentale en mode haute intensité
Le concept de charge mentale, théorisé par la sociologue Monique Haicault et popularisé par la dessinatrice Emma, prend tout son sens en juin. Ce n’est plus une question d’organiser le quotidien, mais de tenir une logistique événementielle multi-canaux sans droit à l’erreur.
Selon les travaux de Nicole Brais (Université Laval), les femmes assurent encore l’essentiel du travail domestique et parental, même lorsqu’elles ont un emploi à plein temps. Juin devient alors le mois où cette réalité explose à la figure, dans un silence social généralisé.
Le stress chronique : un coût réel sur la santé
On parle ici d’un stress insidieux, invisible, souvent minimisé. Pourtant, il a des conséquences mesurables. Une étude publiée dans The Lancet Psychiatry (2021) démontre que le stress chronique altère non seulement notre équilibre hormonal (augmentation du cortisol), mais aussi nos fonctions cognitives (prise de décision, mémoire) et émotionnelles (anxiété, irritabilité).
Ce n’est pas de la faiblesse. C’est une réponse biologique normale à une pression anormale.
Pourquoi il faut oser le OFF (et vite)
Dire non à un événement, déléguer une sortie scolaire, ne pas répondre à un mail hors horaires… Ce sont des micro-actes de résistance. Ils n’ont rien d’égoïste. Ils sont essentiels pour restaurer ton système nerveux et te reconnecter à toi-même.
Mary Helen Immordino-Yang (neurosciences, University of Southern California) montre que les temps de repos sans stimulation permettent au cerveau de réguler les émotions et de consolider la mémoire. Traduction : si tu ne t’arrêtes jamais, tu n’apprends plus rien, tu ne ressens plus rien, tu survis.
Reprendre le pouvoir sur ton agenda
Prendre du recul en juin n’est pas une fuite. C’est un acte d’alignement. Ce n’est pas lâcher les autres, c’est cesser de se lâcher soi-même.
Quelques leviers simples à activer :
-
Bloque un créneau OFF dans ton agenda chaque semaine (et respecte-le comme un rendez-vous pro).
-
Ose dire : « Ce sera sans moi cette fois. » C’est un acte de santé mentale.
-
N’attends pas d’être au bord du burn-out pour ralentir. Anticipe. Protège ta ressource.
Conclusion : juin n’est pas un sprint à terminer, c’est une frontière à redéfinir
Tu n’as rien à prouver. Tu n’es pas meilleure quand tu t’oublies. Tu n’es pas plus aimée quand tu dis oui à tout. Tu es juste plus épuisée.
Alors ce mois-ci, choisis une autre voie : celle où tu dis non, où tu dis stop, où tu dis « je me choisis ». Parce que c’est aussi ça, être présente aux autres : être présente à soi d’abord.